Comment faire carrière?
Comment assurer son avenir? Existe-t-il une méthode infaillible pour réussir dans la vie? Autant de questions que se posent les personnes qui font la démarche d’entrer dans le monde du travail.
C’est sur ses aspirations que jouent les propositions toujours alléchantes des petites annonces qui paraissent dans les journaux ou sur Internet. On a parfois l’impression de faire une pêche miraculeuse lorsqu’on voit miroiter une apparente profusion d’offres d’emploi toutes plus avantageuses les unes que les autres. L’employeur dissimule souvent l’urgence de ses besoins : on propose, on offre des services. Parfois, l’annonce ne donne pas de chiffres: elle met en avant la notoriété de la firme, ses possibilités d’expansion, la croissance économique étant supposée ouvrir la porte à la promotion professionnelle. Pour la rémunération, il ne faut pas plus se leurrer des avantages annexes : vacances loisirs, primes diverses, avantages en nature. Si des diplômes sont souvent exigés, l’expérience, la valeur personnelle sont loin d’être négligeables. La conscience professionnelle, les « qualités humaines », le sens du contact, s’ils sont manifestement précieux pour les entreprises, sont malheureusement des facteurs difficilement quantifiables. On fait ainsi du marché du travail une sorte de loterie où chacun peut tenter sa chance, où la réalité du travail se trouve cachée derrière des arguments de prestige.
Loin d’être une marche triomphale vers les champs élyséens, la course à la carrière est, au contraire, source d’inquiétude. L’élaboration du curriculum vitae peut d’ailleurs prendre un caractère obsessionnel.
Comment « réussir dans la vie »?
On se demande plus concrètement, aujourd’hui, comment simplement assurer sa vie. Le cas de Rockefeller n’est qu’une légende dissimulant la lutte que doit mener chaque individu dans une société où la concurrence ne fais pas seulement le jeu sur les biens, mais sur les personnes elles-mêmes.
Il y a une réalité économique à laquelle nous nous trouvons abruptement confrontés. C’est le poste occupé dans la hiérarchie professionnelle (circuit de production) qui commande directement le niveau de vie, la place dans la consommation et le prestige social dont on peut jouir. A l’intérieur de toute organisation de travail, qui se caractérise par la répartition des tâches et la hiérarchie, deux sortes de mouvements peuvent avoir lieu un déplacement horizontal, par lequel l’employé reste au même niveau de l’échelle, changeant simplement de fonction, parce qu’il y est mieux adapté, ou parce que l’entreprise se réorganise; un mouvement vertical, vers le haut ou vers le bas, la promotion ou le déclassement. La carrière se présente ainsi comme la valorisation du métier, de la profession, une expérience qui se capitalise, une qualification accrue de l’intéressé.
Comment franchit-on ces échelons?
On peut « monter» automatiquement à l’ancienneté, par concours interne ou au mérite, ce dernier critère étant laissé à l’appréciation de l’employeur. La profusion actuelle de diplômes est telle que les titres se dévaluent. On tend donc à juger sur l’expérience, ce qui est fort subjectif. L’âge et le sexe peuvent d’ailleurs constituer un obstacle. Si la carrière devient un souci majeur à notre époque, c’est parce que les compétences sont désormais soumises à une appréciation variable, et que pèse la menace de l’âge où l’on risque de n’être plus aussi productif qu’en sa prime jeunesse, donc moins rentable pour l’entreprise.
La carrière permet à l’individu d’améliorer la qualité de la vie à commencer par la satisfaction dans le travail, l’obtention de responsabilités; une vie matérielle plus aisée, préservant une vie familiale et intellectuelle.
Faire carrière, ce n’est pas gagner sa place, c’est la disputer; savoir acquérir des grades et les imposer. Il faut savoir y montrer une certaine souplesse, et manifester aussi son sens de l’opportunité, savoir risquer. La trop grande mobilité du « chasseur de primes », la stagnation qui fait prendre l retraite avant l’âge en restant dans le même poste, ne bénéficient pas plus l’une que l’autre d’un préjugé favorable. Dans cette recherche parfois contradictoire de la sécurité et de la promotion, l’individu est le plus souvent contraint à assurer simplement sa vie matérielle.
Une grande ambiguïté ternit toute carrière; elle tient à ce que l’individu cherche d’une part à assurer son indépendance, sa propre manière de vivre, en même temps qu’il demande à la société son appui et ses garanties. La formation professionnelle est un moyen pour améliorer la qualité de son travail. La loi du 16juillet 1971 oblige les entreprises à financer la formation continue de leurs salariés.
